On nous écrit du Cheylard :
Je voudrais bien savoir quel peut être cet homme,
Si c’est un grand Seigneur et comment il se nomme ?
C’est ainsi qu’un paisible bourgeois du Cheylard abordait tout dernièrment son voisin un soir de foire.
Voyez, dit-il, ce groupe au milieu duquel pérore un homme à la figure de moine Tout à l’heure ils n’étaient que deux : le grand maigre qui tourne le dos et le petit qui se rengorge les pouces dans lee entournures du gilet.
« Eï bé vis aquo entoucan mai pouei pas dire soun nou. »
Tous les autres se sont précipités à leur rencontre avec force courbettes, on dirait maintenant qu’ils veulent porter le gros en triomphe.
« Soun o bastant de l’estouffa. »
Regardez comme il se gonffle, regardez-moi ce pitre.
« Parlo groo coumo si voulio que l’entendessount de touto lo plaço. »
Ils se dirigent par ici ; nous allons peut-être savoir.
« Dé qué dit ? « Mon éminent ami, futur président… tutoie Poincaré… » Oquos en députa. »
Que viendrait faire un député à la foire du Cheylard ?
« En paou de réclamo. »
Ah voici Mme Barbier, elle va nous renseigner.
« Aquello sa tout. »
Toujours jeune Mme Barbier et toujours le sourire.
Vous savez ce que je fais des compliments ; oui, surtout des liens. Mais soyez assez aimable pour nous tirer d’embarras. Quel est ce pontife qui se laisse faire la cour par nos compatriotes ?
Comment ? Vous ne connaissez pas l’adjoint au maire de Chaliac, l’intime du député sous-secrétaire d’Etat aux finances, le lieutenant-général de M. Bourély.
J’y suis et je m’explique sa suffisance ;
« Omaï siaché oquellé dit pas lo messo. »
C’est ce qui vous trompe mon cher voisin, il pourrait la dire ; il parle dans tous les cas de choses intéressantes si l’on en juge par l’adulation dont on l’entoure.
« A quo faï défaisi. »
Un Cheylaroi
La Démocratie de l’Ardèche | 06 04 1913
On nous écrit du Cheylard :
Je voudrais bien savoir quel peut être cet homme,
Si c’est un grand Seigneur et comment il se nomme ?
C’est ainsi qu’un paisible bourgeois du Cheylard abordait tout dernièrement son voisin un soir de foire.
Voyez, dit-il, ce groupe au milieu duquel pérore un homme à la figure de moine. Tout à l’heure ils n’étaient que deux : le grand maigre qui tourne le dos et le petit qui se rengorge les pouces dans les entournures du gilet.
« Ai ben vist aquò entocòm mè pòi pas dire son nom. »
Tous les autres se sont précipités à leur rencontre avec force courbettes, on dirait maintenant qu’ils veulent porter le gros en triomphe.
« Son a bastant de l’estofar. »
Regardez comme il se gonffle, regardez-moi ce pitre.
« Parla gròs coma si voliá que l’entendèsson de tota la plaça. »
Ils se dirigent par ici ; nous allons peut-être savoir.
« De que ditz ? « Mon éminent ami, futur président… tutoie Poincaré… » Aquò’s un deputat. »
Que viendrait faire un député à la foire du Cheylard ?
« Un pauc de reclama. »
Ah voici Mme Barbier, elle va nous renseigner.
« Aquela sap tot. »
Toujours jeune Mme Barbier et toujours le sourire.
Vous savez ce que je fais des compliments ; oui, surtout des liens. Mais soyez assez aimable pour nous tirer d’embarras. Quel est ce pontife qui se laisse faire la cour par nos compatriotes ?
Comment ? Vous ne connaissez pas l’adjoint au maire de Chaliac, l’intime du député sous-secrétaire d’Etat aux finances, le lieutenant-général de M. Bourély.
J’y suis et je m’explique sa suffisance ;
« Amai siache aquele ditz pas la messa. »
C’est ce qui vous trompe mon cher voisin, il pourrait la dire ; il parle dans tous les cas de choses intéressantes si l’on en juge par l’adulation dont on l’entoure.
« Aquò fai defèci. »
Un Cheylarois
La Démocratie de l’Ardèche | 06 04 1913
© Denis Capian, 2010
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